L’urgence politique: faire face à la crise de la zone euro
Nous avons fait l’euro, mais nous n’avons pas su nous doter de la politique économique commune qui en était le corollaire indispensable. Par refus de céder la moindre parcelle de souveraineté, nous avons laissé se développer une politique monétaire indépendante gérée par la Banque centrale européenne et vingt-sept politiques budgétaires incohérentes, où chacun a voulu profiter de la stabilité de l’euro pour s’exonérer de la nécessité de contrôler ses dépenses.
Cette dispersion du pouvoir économique en Europe est le péché originel de la zone euro. Elle est la principale faille dans laquelle s’engouffrent aujourd’hui les spéculateurs. Et tant que nous n’aurons pas réglé la question de la construction d’une véritable politique économique au niveau européen, nous continuerons de subir la pression des marchés financiers et les conséquences de la stagnation économique actuelle
Les radicaux de gauche proposent de doter l’Europe de moyens économiques renforcés, ce qui peut se traduire à court terme par :
- la mise en place d’un gouvernement économique européen permettant aux institutions de discuter préalablement les budgets des États et de reprendre la main sur la politiquemonétaire de la Banque centrale européenne ;
– la possibilité pour l’Union de lever des emprunts obligataires et pour la Banque centrale européenne de racheter les dettes souveraines des États confrontés à la crise ;
– une augmentation du budget communautaire permettant des politiques de relance au niveau européen (comportant la conduite de grands travaux réduisant les déséquilibres entre régions et des politiques communes dans le domaine de la recherche) ;
– la création d’un fonds de développement et d’investissement émettant des obligations européennes convertibles, soutenant les entreprises les plus innovantes dans les secteurs les plus créateurs d’emplois et les plus respectueux de l’environnement ; nous proposons une première tranche de 50 milliards d’euros, soit la moitié du plan d’aide au Portugal ;
– une harmonisation de l’assiette de l’impôt sur les sociétés afin de limiter la concurrence fiscale entre les pays européens, qui est à l’origine de 80 % des délocalisations industrielles en France ;
– une taxation des transactions financières sur les dettes souveraines à l’échelle du continent ;
– la création d’une agence publique de notation européenne. Cette agence sera indépendante et dotée d’une expertise financière. Elle assurera également la promotion d’un nouveau modèle de croissance grâce à des indicateurs de développement prenant en compte des critères économiques, sociaux et environnementaux : il faut habituer les esprits à l’idée qu’un modèle de société se mesure d’abord au bien-être qu’il procure à ses habitants.