PRIMAIRE CITOYENNE. Les candidats au banc d'essai : Baylet, reine d'un jour ?

Jusqu'à dimanche, jour du premier tour de la primaire PS, Le Nouvel Observateur analyse la stratégie de chacun des candidats. Aujourd'hui : Jean-Michel Baylet. Par François Bazin
Baylet, reine d’un jour? Ceux qui pourraient le croire oublient la force des images dans la société politique dominée par le spectacle. Qu’importe que le patron du PRG ait parfois donné le sentiment d’être un joueur de division d’honneur invité à la finale de la Champion Ligue. Son élocution est parfois hésitante ? Son propos est parfois brouillon ? Sa manière d’exposer des propositions, au demeurant honorables, laisse souvent à désirer ? Et alors… Les commentateurs patentés l’avaient si souvent présenté comme un nul que le seul fait de le voir tenir le choc, face à ses concurrents, donne à cette simple performance la dimension d’un exploit.
Et puis surtout, grâce à lui, le radicalisme de gauche a désormais une incarnation. Il est assez farce que cela intervienne juste au moment où le radicalisme de droite, représenté par Jean-Louis Borloo, tire sa révérence. Depuis les derniers exploits politiques de Bernard Tapie au milieu des années quatre vingt-dix – quinze ans déjà ! – cette famille de pensée n’avait plus été à pareille fête. Dans le concert idéologique français, le radicalisme est une force résiduelle qui n’a pas souvent l’occasion de manifester sa présence. Grâce à Baylet, on vient d’en redécouvrir la trace. Libéralisme culturel, européanisme flamboyant, solidarisme discret : sur ce terreau-là, survit un électorat. Pour qu’il se révèle pleinement, il lui faut une incarnation. Certains auraient pu rêver d’une candidature plus "fun" que celle du président du Conseil général du Tarn et Garonne. Mais il n’y a avait que ça en magasin. Qui pourrait reprocher au PRG d’avoir mis sur l’étal de la primaire le seul produit qu’elle avait sous la main?
Lorsqu’il a fait acte de candidature, au début de l’été, Jean-Michel Baylet pensait avoir échangé, avec la direction du PS alors représentée par Martine Aubry, sa présence dans une primaire devenue "citoyenne" contre quelques sièges sénatoriaux. On découvre aujourd’hui que le marché n’était pas celui qu’on croyait. Le PRG n’a pas obtenu les sièges qu’il convoitait. Son président a fait entendre, dans les débats télévisés, une voix encore plus "droitière"- sur le plan économique et social – que celle de Manuel Valls. Pour le plus grand bonheur de François Hollande, mécaniquement recentré et ainsi protégé du procès en modération qu’entendaient lui intenter aussi bien Martine Aubry que Ségolène Royal et Arnaud Montebourg.
Dimanche, le carrosse de Baylet redeviendra citrouille. Mais on connaît la suite de l’histoire. La Cendrillon radicale va retrouver son seau et ses balais. Dans un futur gouvernement, ça peut toujours servir.
François Bazin - Le Nouvel Observateur